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Re: a Propos Du Béton de mauvaise qualité


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Par Charif Abdelhamid, Professeur en Génie Civil / Sismique

Ecole Nationale Polytechnique, Université de Batna

King Saud University, Riyadh acharif@ksu.edu.sa

Paru dans Le Quotidien d’Oran du 03-06-2003

 

Cet article évoque les différentes causes de la tragédie du séisme de Boumerdès, ainsi que les différents remèdes, en mettant un accent particulier sur le béton dont la mauvaise qualité, longtemps reléguée au second plan, constitue désormais un véritable fléau national qui mérite de recevoir une attention prioritaire.

Le béton, cette roche artificielle utilisée depuis des siècles comme principal matériau de construction, l’Algérie semble en avoir petit à petit perdu la recette. Le bétonnage constitue la partie la plus critique pour réussir à constituer l’ossature mécanique appropriée dont dépendra la sécurité de l’ouvrage, et pourtant dans nos chantiers cette opération est complètement négligée et bâclée. Elle est systématiquement confiée aux plus novices des ouvriers. Avant d’élaborer sur ce point, il y a lieu de signaler qu’il est impératif d’adhérer à toutes les thèses remettant en cause l’absence étatique structurelle et générant tous les vices imaginables allant du sac de ciment à 35 kg et de l’utilisation de l’eau de mer dans le gâchage jusqu' à l’importation d’acier irradié et l’édification sur des terrains

inconstructibles tels les espaces verts et remblais, en passant par l’épuration professionnelle et le parasitage du secteur de l’entreprise par un plafonnement injustifiable des prix. La restauration de l’autorité de l’état dans ce domaine sera délicate et nécessitera des méthodes et moyens autres que musclés. Il est légitime d’entretenir un certain degré de scepticisme mais cela constitue hélas un préalable sans lequel aucune autre mesure ne saurait être envisagée.

Il est à craindre toutefois que le débat actuel sur les responsabilités des uns et des autres dans la catastrophe du séisme du 21/05/2003 et la recherche vaine de boucs émissaires, occulte certaines causes pathologiques ancrées dans notre culture de construction, et qui n’ayant pas été appréhendées suite au séisme de 1980, se sont ainsi davantage détériorées.

Production du béton

La production du béton constitue probablement le meilleur indicateur dans le secteur du bâtiment qui, à son tour, est l’indicateur de l’état de l’économie d’un pays. Le béton est obtenu par un mélange approprié de ciment, graviers, sable et eau. Son association avec l’acier, pour produire le «béton armé», est dictée par sa faible résistance à la traction. Si lors du séisme de 1980 d’El-Asnam, la défaillance majeure dans le béton armé se trouvait au niveau du ferraillage qui était presque systématiquement insuffisant, pour la récente secousse de Boumerdès (qui soit signalé au passage a été estimée de magnitude 6.7 et profondeur de 10 km par le centre de surveillance sismique de l’université King Saud à Riyadh), la raison principale de la tragédie, outre l’intensité élevée du séisme et sa proximité spatiale, doit être recherchée dans la qualité du béton même si des cas de malversations peuvent être avancés pour prouver autre chose.

La qualité et le dosage des composants ainsi que la mise en œuvre jouent tous un rôle important sur le produit final mais nous préférons mettre l’accent sur les aspects essentiels qui sont spécifiques à la dernière décennie et qui expliquent le mauvais comportement des nouvelles constructions par rapport aux anciennes. Contrairement au domaine des ponts et ouvrages d’art qui est demeuré protégé et qui a conservé ses anciennes entreprises de réalisation, dans le domaine du bâtiment, la production du béton se fait essentiellement sur chantier et souvent de manière manuelle par des ouvriers sans aucune qualification adéquate. La résistance quasi générale de nos bétons (même dosés normalement à 350 kg de ciment au mètre cube) n’atteint pratiquement jamais celle d’un béton de propreté. Au lieu des valeurs usuelles de 25 à 35 MPa (Méga-Pascals) que les ingénieurs des bureaux d’études et de contrôle assument dans leurs calculs, sur le terrain, on n’atteint pratiquement jamais les 20 MPa. Des résistances de l’ordre de 10-15 MPa ont été souvent signalées lors des contrôles. Cette aberration est connue par tout le monde et chacun affiche son impuissance et sa frustration devant les causes et raisons d’Etat derrière la politique du bâtiment.

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